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En ruine

2016 juil. 28

Résignation

Plus rien ne compte lorsque le noir emplit mon âme,
Les moments de beautés sont d’un coup oubliés,
Je me détourne de toi et me recroqueville,
Aucun mot ne m’apaise, aucun geste ne me sauve.

Cela survient si vite, sans signes annonciateurs,
Cela dure toujours trop, me laissant vide et pâle,
Mes sourires disparaissent, résignée à attendre,
Le prochain jour de doute, les ténèbres qui me gagnent.

2016 juil. 27

Qui s’y frotte, s’y pique

Faussement entêtée,
Ravie au demeurant,
Abby accepte le jeu.
Grave erreur pour certains,
Ils pansent leurs blessures fraîches,
La douce s’est révélée
Extrêmement cruelle!

2016 juil. 26

Pur Azur

Hier j’ai vu des nuages troubler un ciel pur, sans que personne ne leurs demande de rendre de comptes.
Ils s’amusaient à y tracer des formes de plus en plus alambiquées, mine de rien. L'azur n’osait rien dire, mais je voyais bien qu’il n’était pas très content d’être ainsi la cible de ces tagueurs vaporeux! Sous prétexte que chacun est libre de s’exprimer, les petits cumulus moutonneux en profitaient pour s’agglutiner et dessiner à cœur joie des animaux grotesques, pas toujours très ressemblants et certains petits plaisantins se croyaient bien malins avec leurs esquisses que la décence ne me permet pas de décrire plus précisément. Alors bien sur, les martinets noirs aux ailes en forme de lames de faux les encourageaient à qui mieux mieux, en voltigeant toujours plus vite et toujours plus haut… quels poseurs! Ces oiseaux là ne sont jamais les derniers à revendiquer la liberté de chacun, à refuser les frontières et voler où bon leur semble, sans en référer à personne. Je ne vous parle même pas des mésanges charbonnières, huppées ou à longues queues qui se pavanaient sous nos yeux charmés par leur danse annonciatrice des beaux jours. Évidemment le soleil continuait à briller, fier et sûr de son bon droit, bien au-dessus de tout ce tumulte qui ne l'atteignait guère.
Si personne n’y met un peu du sien, comment voulez-vous dans ces conditions maintenir un semblant d’ordre dans les cieux?

2016 mai 25

L'obsession du livre

Depuis toute petite j'ai la passion des histoires, celles que me racontaient ma grand mère, mes tantes, puis celles que j'ai pu découvrir par moi-meme quand j'ai appris à lire. Je ne me privais pas de dévorer les livres de contes et de légendes que toute la famille m'offrait pour Noël et mon anniversaire. Plus tard, j'ai découvert avec délice mon pourvoyeur préféré : les bibliothèques! Ce fut un choc pour moi d'entrer dans un tel lieu pour la première fois, de me balader dans les allées, entourée de centaines d'ouvrages et de choisir ce que je voulais. L'odeur du vieux papier me plaisait, de même que le silence et les chuchotements qui donnaient l'impression de se recueillir dans un lieu sacré où j'étais libre de me perdre dans les mondes inventés par d'autres.

J'ai passé des heures à rêver dans ces endroits et pendant ma période étudiante j'ai pu continuer à assouvir ma passion à moindre frais, dans toutes les villes où j'ai été amené à vivre. Mes choix se faisaient selon d'étranges critères : un titre évocateur, une image sur la première de couverture qui me surprenait, un résumé qui éveillait mon intérêt. Hop j'empruntais alors l'ouvrage et si il me plaisait je recherchais tout ce que l'auteur avait publié pour me remplir de son univers. Parce qu'en bonne obsessionnelle compulsive j'ai besoin de dérouler le fil jusqu'au bout pour essayer de comprendre et m’immerger complètement dans ce que l'auteur veut bien partager de son monde intérieur. J'ai eu de belles surprises, même dans les villes les plus modestes, où je suis tombée sur des ouvrages de sciences fictions des années 70 aux pochettes délirantes, ou plus récentes comme 'les seigneurs de l'instrumentalité' pour lequel l'auteur Cordwainer Smith a imaginé tout un nouveau langage. Je retrouvais partout les fidèles compagnons de la littérature et les textes gothiques de Théophile Gautier ou Maupassant. Je passais de Shakespeare à Anne Rice, d’auteurs japonais à islandais, ravie de me sentir si libre de papillonner d'un genre à l'autre et de m'émerveiller de styles si différents. J'avais l'impression de trouver par moi-meme ces perles rares, même si en y réfléchissant bien, c'était plutôt au / à la bibliothécaire que revenait ce mérite.

Je continue à fréquenter assidument les médiathèques qui ont remplacées les bibliothèques d’antan, proposant des cd, des dvd, en plus des livres papiers et magazines. Les cartes magnétiques ont pris le pas sur les cartes collées aux livres contenant les noms des lecteurs ainsi que les dates d'emprunts et de retours qui permettaient de reconstituer la vie de l'ouvrage et l'intérêt qu'il suscitait ou pas. Les mangas sont apparus, prenant une place de plus en plus importante au fil des ans avec de belles histoires fantastiques comme 'Nausicaa de la vallée du vent' d'Hayao Miyazaki, des épisodes poignants de Gen d'Hiroshima de Keiji Nakazawa ou encore 'Ayako' d'Osamu Tezuka pour ne citer que quelques merveilles parmi tant d'autres. Je poursuis toujours mes errances au fil de l'eau, à la recherche du texte oublié de tous, abandonné entre deux livres.

2016 mai 2

La machine à parler d'amour

C'est navrant ce manque d'inspiration et ces répartis qui frôlent le zéro absolu de la platitude quand on est amoureux! Lutèce le sait par expérience, chacun de ses essais pour courtiser une belle se sont soldées par un échec cuisant dans le passé. Comment peut on posséder l'esprit le plus brillant de ce siècle et se trouver si démuni quand il s'agit de conter fleurettes? Mais cet état de fait n'est pas une fatalité, il suffit d'affronter le problème calmement et de créer une nouvelle machine qui comblera cette anecdotique défaillance.

Lutèce s'attèle à la tâche avec entrain, trace des schémas, développe des algorithmes complexes pour créer l'ultime machine que tout cœur épris se doit de posséder : La machine à parler d'amour! Son utilisation est simple, il suffit de paramétrer différentes données d'entrées concernant le (la) soupirant(e) et l'être élu, puis, par le biais d'un discret appareillage auditif de répéter les mots que la machine aura sélectionné parmi les plus pertinents et les plus appropriés. Un Cyrano revisité en quelque sorte, en moins tragique et plus pratique.

N'écoutant que son courage, Lutèce part confiant et serein tester son invention auprès de sa nouvelle assistante, la délicieuse Natacha, beauté russe au regard bleu troublant. Il s'approche, arbore son plus beau sourire, appuie mine de rien sur l'interrupteur qui déclenche le mécanisme. L'écouteur crachote, puis les mots d'amours lui sont dictés à l'oreille très distinctement : cela fonctionne! Rassuré, il croise alors le regard de Natacha et là, noir total! Son sourire se fissure, se décompose, il balbutie quelques mots et retourne précipitamment à son laboratoire. Que c'est rageant!!! Il aurait été tellement plus judicieux de commencer par inventer la machine à vaincre la timidité!

2015 mai 20

La machine à danser

Ne s'improvise pas danseur étoile ou même danseur disco qui veut! Lutèce en a fait la triste expérience et même si son cœur s'émeut aux premières notes d'une musique, son corps et ses pieds eux restent désespérément gauches et maladroits. Il les imagine ces pas de danses endiablés, il les visualise ces contorsions du corps suivant les rythmes des morceaux, mais le retour à la réalité est rude. Le miroir ne lui renvoie que pitreries et mouvements désordonnés et disgracieux. Qu'à cela ne tienne! son génie prendra le pas sur son corps. Quelques pivots, engrenages, écrous hexagonaux et à embases, une dose de programmation en langage assembleur pour le microprocesseur et le tour est joué! La machine est fin prête à être testée. Lutèce est aux anges et ne sait quelle musique choisir pour cette première : du classique, du rock, du rap? Il laisse le destin faire son œuvre et lance le lecteur en mode aléatoire. Son corps se discipline et il réalise enfin son rêve : les arabesques et les moonwalks se succèdent. Ses demi pointes, gargouillades et glissés sont tous parfaitement exécutés. Il s'enflamme : mazurka, sauts de chats, soubresauts, soubresauts, soubres... soubrrrr.... La machine s'emballe et s'acharne à exécuter la même figure encore et encore, toujours plus vite, comme un disque rayé.
Ne s'improvise pas danseur ou même génie qui veut.

2015 avr. 30

La machine Anti-stress

Des chats! A poils courts, à poils longs, noirs, gris, roux, tigrés. Des chats par dizaine qui ronronnent partout dans le laboratoire, scrutés minutieusement par les appareils de mesures des techniciens affairés. Lutèce en fait des cauchemars la nuit. Il n'arrive plus à s'endormir à cause de ses éternuements perpétuels et des miaulements qui résonnent dans sa tête. Il souffre pour la postérité, certain que son idée de nouvelle machine est révolutionnaire et lui vaudra le prix Nobel. Il s'imagine déjà présenter ses travaux à ses éminents collègues scientifiques, recevoir de hautes distinctions et les remerciements de la nation reconnaissante d'être enfin débarrassée de ce fléau des temps modernes : le stress! Quoi de plus apaisant et mignon qu'un chat qui ronronne? Alors imaginez un appareil qui reproduirait ce phénomène à la puissance mille ou plus? C'est la gloire assurée! Lutèce se perd dans ses rêveries, tout en caressant machinalement un matou venu se poser sur ses genoux. Un nouvel éternuement le secoue et il reprend ses calculs sous le regard circonspect des félins. Graahouou, graahouou....La mélopée moqueuse s'élève dans la salle blanche et se mêle aux cliquetis des ordinateurs.

2015 avr. 29

La machine à ?

Lutèce ressent une impression de déjà vue. Cette salle lui est familière avec ses paillasses encombrées de béchers, de câbles électriques et d'outils en tout genre. Ce n'est pas la 1ère fois qu'il vient ici, il en est certain. Une femme en blouse blanche s'approche de lui, le dévisage et lui demande ce qu'il fait là. Bonne question à laquelle il ne peut apporter aucune réponse. En y réfléchissant bien, ça lui paraît bizarre de porter également une blouse blanche et d'avoir une télécommande à la main. Des lumières rouges et oranges se mettent à clignoter sur une petite boite noire devant eux et une sonnerie stridente retentit. Lutèce et la femme se regardent, attendant que l'autre fasse arrêter ce bruit désagréable. Mais aucun d'eux n'en n'est capable, ni ne se souvient de ce à quoi cette machine peut bien servir, ni de rien de ce qu'il y a dans cette pièce d'ailleurs. Pourquoi rester dans ce lieu bruyant puisqu'ils n'ont rien à y faire? Lutèce pose la télécommande à côté de la machine puis sort, accompagné de la femme. Le soleil brille dans le ciel bleu, l'air est pur et doux sur leur visage. Ils se prennent par la main et s'en vont sur le chemin, un sourire aux lèvres.
... Quelques jours plus tard l'alarme s’arrête après avoir déchargé la batterie. Un message s'affiche sur l'écran de contrôle : Machine à oublier, fin du protocole d'expérience n°1. Des éclats de rire se font entendre au loin, la vie a repris son cours, paisiblement.

2015 avr. 28

La machine à idée

Lutèce s'est levé du mauvais pied.
Ses expériences sur l'appropriation des idées des autres ne sont qu'une succession d'échecs. Taguchi ou pas, ceci ne mènera à rien, il faut se faire une raison! Mais retourner à l'inactivité est au-dessus de ses forces. Une petite idée, rien qu'une minuscule, même pas lumineuse ferait son bonheur. Mais rien à faire. L'éprouvette reste vide, les ampoules éteintes et l'écran de contrôle noir. Il est à deux doigts de déclarer forfait quand un frémissement se faire ressentir. Un point blanc apparait à l'écran, tout pâle et perdu au milieu du vide. Puis tout s'enchaîne abruptement, les ampoules s'éclairent d'un rouge sanguin à faire pâlir d'envie un vampire, un liquide se forme dans l'éprouvette, d'un blanc laiteux qui précipite en un agglomérat de particules solides d'un pourpre du plus bel effet. Ce ne sont que les prémices, laissant augurer la survenue d'un 'plus que mieux'. Sur l'écran s'empilent les mots à une cadence qui s'accélère les secondes passant. Les phrases se succèdent, de plus en plus précises et hop! Un schéma, puis un autre, qui se superposent, s'animent. Oh la la, mais ça va être vertigineux, mémorable, l'idée du siècle!
Puis tout disparaît d'un seul coup, sans prévenir. #erreur 404#. Encore une idée perdue dans les méandres du réseau, aspirée par le vide des encéphalogrammes plats.
...Une télévision quelque part s'est allumée.

2010 janv. 17

Hurlements

J'ai hurlé sans comprendre que c'était moi

Recraché les mots qui brulaient mon cerveau

Allégé ma conscience trop lourde

De ces pensées ressassées qui me rongent

J'ai recommencé mais je n'en suis plus sure

M'a-t-on entendu, m'a-t-on compris?

Quelque chose s'est brisé à trop me taire

Une fêlure trop profonde que je dissimulais

Est-ce de la folie? Je ne maitrise plus rien

Devient on fou à trop se taire?

Et le corps à bout cherche désespérément

Un moyen de fuite pour se libérer

Je hurle sans plus chercher à me contrôler.

2009 sept. 1

L'eau

L’eau, l’eau, l’eau partout

Portée par le courant je dérive plus loin

Liquide, douce, je m’approprie tes rêves

Pierre angulaire qui me fend et me disperse

Je poursuis mon chemin, double et heureuse

2009 août 30

Projection

Le rien, le vide, l’absence me cernent

Les journées sans paroles se succèdent ainsi

Les idées creuses viennent à profusion

L’ennui est permanent, l’obscurité approche

 

Le goût a disparu, la saveur est de cendre

L’odorat s’amenuise, les fleurs disparaissent

Les images sont floues, les contours débordent

Je n’écoute pas, je n’entends plus,

Je n’ai besoin de rien

 

Le puit s’est creusé sans que je le devine

Les émotions s’y sont jetées, noyées par la pluie

Le trou s’est comblé des poussières de ma vie

Le néant reste seul, je me sens apaisée.

 

Recroquevillée, je ne fais pas de bruit.

J’écoute mais il n’y a rien, tout a disparu

Je ne respire plus, je ne pense à rien,

Battement, battement… puis plus rien.