Hier j’ai vu des nuages troubler un ciel pur, sans que personne ne leurs demande de rendre de comptes.
Ils s’amusaient à y tracer des formes de plus en plus alambiquées, mine de rien. L'azur n’osait rien dire, mais je voyais bien qu’il n’était pas très content d’être ainsi la cible de ces tagueurs vaporeux! Sous prétexte que chacun est libre de s’exprimer, les petits cumulus moutonneux en profitaient pour s’agglutiner et dessiner à cœur joie des animaux grotesques, pas toujours très ressemblants et certains petits plaisantins se croyaient bien malins avec leurs esquisses que la décence ne me permet pas de décrire plus précisément. Alors bien sur, les martinets noirs aux ailes en forme de lames de faux les encourageaient à qui mieux mieux, en voltigeant toujours plus vite et toujours plus haut… quels poseurs! Ces oiseaux là ne sont jamais les derniers à revendiquer la liberté de chacun, à refuser les frontières et voler où bon leur semble, sans en référer à personne. Je ne vous parle même pas des mésanges charbonnières, huppées ou à longues queues qui se pavanaient sous nos yeux charmés par leur danse annonciatrice des beaux jours. Évidemment le soleil continuait à briller, fier et sûr de son bon droit, bien au-dessus de tout ce tumulte qui ne l'atteignait guère.
Si personne n’y met un peu du sien, comment voulez-vous dans ces conditions maintenir un semblant d’ordre dans les cieux?