Depuis toute petite j'ai la passion des histoires, celles que me racontaient ma grand mère, mes tantes, puis celles que j'ai pu découvrir par moi-meme quand j'ai appris à lire. Je ne me privais pas de dévorer les livres de contes et de légendes que toute la famille m'offrait pour Noël et mon anniversaire. Plus tard, j'ai découvert avec délice mon pourvoyeur préféré : les bibliothèques! Ce fut un choc pour moi d'entrer dans un tel lieu pour la première fois, de me balader dans les allées, entourée de centaines d'ouvrages et de choisir ce que je voulais. L'odeur du vieux papier me plaisait, de même que le silence et les chuchotements qui donnaient l'impression de se recueillir dans un lieu sacré où j'étais libre de me perdre dans les mondes inventés par d'autres.

J'ai passé des heures à rêver dans ces endroits et pendant ma période étudiante j'ai pu continuer à assouvir ma passion à moindre frais, dans toutes les villes où j'ai été amené à vivre. Mes choix se faisaient selon d'étranges critères : un titre évocateur, une image sur la première de couverture qui me surprenait, un résumé qui éveillait mon intérêt. Hop j'empruntais alors l'ouvrage et si il me plaisait je recherchais tout ce que l'auteur avait publié pour me remplir de son univers. Parce qu'en bonne obsessionnelle compulsive j'ai besoin de dérouler le fil jusqu'au bout pour essayer de comprendre et m’immerger complètement dans ce que l'auteur veut bien partager de son monde intérieur. J'ai eu de belles surprises, même dans les villes les plus modestes, où je suis tombée sur des ouvrages de sciences fictions des années 70 aux pochettes délirantes, ou plus récentes comme 'les seigneurs de l'instrumentalité' pour lequel l'auteur Cordwainer Smith a imaginé tout un nouveau langage. Je retrouvais partout les fidèles compagnons de la littérature et les textes gothiques de Théophile Gautier ou Maupassant. Je passais de Shakespeare à Anne Rice, d’auteurs japonais à islandais, ravie de me sentir si libre de papillonner d'un genre à l'autre et de m'émerveiller de styles si différents. J'avais l'impression de trouver par moi-meme ces perles rares, même si en y réfléchissant bien, c'était plutôt au / à la bibliothécaire que revenait ce mérite.

Je continue à fréquenter assidument les médiathèques qui ont remplacées les bibliothèques d’antan, proposant des cd, des dvd, en plus des livres papiers et magazines. Les cartes magnétiques ont pris le pas sur les cartes collées aux livres contenant les noms des lecteurs ainsi que les dates d'emprunts et de retours qui permettaient de reconstituer la vie de l'ouvrage et l'intérêt qu'il suscitait ou pas. Les mangas sont apparus, prenant une place de plus en plus importante au fil des ans avec de belles histoires fantastiques comme 'Nausicaa de la vallée du vent' d'Hayao Miyazaki, des épisodes poignants de Gen d'Hiroshima de Keiji Nakazawa ou encore 'Ayako' d'Osamu Tezuka pour ne citer que quelques merveilles parmi tant d'autres. Je poursuis toujours mes errances au fil de l'eau, à la recherche du texte oublié de tous, abandonné entre deux livres.